samedi 27 septembre 2008

24 heures de la vie d'une femme



D’abord on récolte le maïs (à la main bien sur), puis on transporte les épis à la maison.

Et quand on croit que c’est enfin fini, en fait non, il faut encore les trier, finir de les « éplucher », et les transférer dans leur cage de stockage.

Ici ils mangent presque à tous les repas de la polenta (farine de maïs bouillie), ils appellent ça «mamaliga ». Ils font un gros paté qu’ils mettent au milieu de la table, ça remplace le pain, on en prend un morceau, on fait une petite boulette avec et on s’en sert pour saucer et accompagner le repas.



Encore la récolte du raisin, mais cette fois ci, c’est les bras et la nuque qu’on met à l’épreuve, on équilibre les douleurs du dos…
J’ai été impressionnée par la prestance avec laquelle les grand-mères de 80 ans grimpent sur l’échafaudage bancal qu’on voit dans le fond de la photo, et restent en équilibre dessus pendant des heures !



Mais il faut aussi filer la laine, à la main. Bon en général c’est plutôt réservé aux longues soirées d’hiver quand il n’y a plus rien à faire dans les champs, là c’était juste pour me montrer.



Et on finit la journée en beauté avec la traite des vaches, une fois qu’elles sont bien rentrées, toutes seules comme des grandes, à l’étable.


Bon désolée, ça fait un peu « Martine à la ferme » mais en même temps, je suis en plein dedans ! Et puis ça fait partie de mon enseignement d’agronome.

Carnet de voyage


Ces derniers jours j’ai eu droit à une petite visite des villages environnants :

D’abord les charmants chauffeurs ci-dessous nous ont déposés à Orgoiesti.


On avait commencé à marcher, mais ici on ne reste jamais sur le bord de la route très longtemps, pas besoin de faire du stop, il y a toujours quelqu’un qui s’arrête pour nous demander où on va et nous y déposer.

Orgoiesti ressemble beaucoup au village dans lequel je vis en ce moment :

On trouve un puit tous les 10m
Le modèle à chaîne:



Ou celui à bascule:



Une église tout en bois, classée monument historique.
Encore une église à la Kill Bill pour Guillaume, à cause de toi, quand j’y entre, j’entends les boots de Bill sur le plancher et le « Bill it’s your Baby… » !



Puis ensuite on traverse la vallée et on se rend à Buda, le village voisin :



Les 'troist' que l’on trouve partout où les chemins se croisent, à ce que j’ai compris les trois branches représentent la Sainte Trinité.
Les Roumains se découvrent et se signent trois fois quand ils en croisent un, de même devant les églises, pour montrer à tous qu’ils ne se cachent pas et qu’ils assument pleinement leurs croyances.

Beaucoup de maisons ont des murs en torchis, et quand les propriétaires ont assez d’argent, ils les peignent ensuite dans des couleurs vives, géneralement en bleu, ça colore le paysage et ca fait plus joli!







Il tient une cravache à la main qu’ils utilisent pour faire avancer leur « cal » (cheval, caballo, caballus, cavallo…)


J’ai passé la nuit à Buda, chez Gaby qui est enseignante, puis on est rentrées très tôt le lendemain matin, avec à l’est le soleil qui se lève et à l’ouest les maisons dans la vallée qui s’allument peu à peu au chant du coq.

Gaby fait ce chemin tous les jours à pied ou en charrette, beaucoup d’enfants le font aussi car l’école est à Bogdanesti, ils marchent une heure ou plus pour chaque trajet et j’ai pas de mal à les comprendre quand ils me disent qu’en plein hiver il faut vraiment avoir envie d’apprendre…



Puis je suis aussi allée visiter 2 monastères :

-le premier, Prevesti, à une petite heure de marche du village




-le deuxième, un peu plus grand à Moremi,





Une des religieuses nous a fait faire le tour du propriétaire et j’ai été assez marquée par la salle de couture où sont fabriquées les robes de cérémonie des prêtres orthodoxes.



Avec une mention spéciale pour les machines à coudre customisées!



mardi 23 septembre 2008

Entretien avec un prêtre


J’ai accompagné Constantza (qui me sert plus ou moins de guide ici), à l’église du village.

En Roumanie, 87% des gens sont orthodoxes, se sont d’ailleurs les seuls Latins a avoir adopté cette confession.
Pas de bancs dans les églises, mais des tapis au sol, parce que les gens prient genoux et mains par terre, les hommes d’un côté, et les femmes (tete couverte) de l’autre.

Après la messe, certaines personnes sont restées et se sont assises autour du prêtre qui a lu des passages de l’évangile, qu’il a agrémenté de réflexions personnelles.

Laura à côté de moi me traduit à mi-voix les paroles du prêtre :
« Le rock est une musique satanique, j’ai vu une vidéo d’un concert de Rock en Amérique, les jeunes sont presque nus, ils crient qu’ils sont les fils de Satan et dansent jusqu’au matin avec des masques représentant le diable »
Mais aussi :
« En Amérique, il n’y a plus de carte d’identité, ils injectent des puces électronique avec des seringues dans le bras des gens, pour les pister. Ça va bientôt arriver en Europe, il le font déjà avec les animaux. C’est Satan qui répand le mal, seul Dieu pourra nous protéger….. »

Grand moment de solitude, je fouille l’assistance du regard mais je ne trouve personne avec qui partager tacitement mon étonnement, tout le monde écoute, très sérieusement.

L’église n’en reste pas moins très jolie, avec un cimetière tout fleuri, comme on ne sait pas en faire en France (on semble plutôt être fan du gros bloc en marbre).

La Converse de Coppola



Ce village est un vrai anachronisme sur pattes.
Dans la vie de tous les jours, l’ancien et le moderne se mêlent tout naturellement et donnent des scènes surréalistes, dignes de la montre de Ben-Hur ou la Converse de Coppola (pour les plus jeunes) !


Une sélection parmi mes petites perles quotidiennes :

-La parabole plantée à côté du puit dans le potager



-Le téléphone portable en charrette, pas encore répréhensible, mais sait-on jamais…

D’ailleurs en parlant de charrettes, c’est vraiment le moyen de transport le plus répandu ici, elles sont même immatriculées !



J’ai cessé de m’étonner d’en croiser partout (j’ai même déjà eu droit à des embouteillage de charrettes, c’est vous dire). Par contre le transport à bord du dit véhicule n’est pas des plus confortable. Passées les premières minutes de charme bucolique « Woua! trop bien, hue ! », on se retrouve rapidement avec des échardes dans les doigts (parce que j’ai la peau tendre, et qu’il faut bien s’accrocher) et on a vite fait de regretter l’alliance banc en bois + routes désastreuse.



lundi 22 septembre 2008

Mondovino



Ce matin, je mérite ma pitance, on se lève tôt pour commencer les vendanges (un autre thème cher à septembre, après la rentrée des classes, comme quoi c’est partout pareil).


On est une petite dizaine de personnes à se retrouver dans les « vignes »= petits arbustes à ras du sol, mêlés à une jungle d’adventices (parce qu’à l’Agro, on nous apprend à être politiquement correcte et « mauvaises herbes » c’est comme « pays sous développé », ça se dit pas).






Et pour étancher la soif des ouvriers pendant la cueillette, rien de mieux que du vin distribué en abondance, la cuvée de la maison, histoire de savoir pour quoi on bosse.

Résultat, on finit sa rangée en zigzagant, mais on est tout content !




Après chargement dans la charrette, on presse le raisin (pas avec les pieds, on va arrêter ici avec le côté rustique), enfin le tout est mis à fermenter dans des grands tonneaux en bois à la cave.






Cette journée de dur labeur m’inspire plusieurs apostrophes :
- A mes acolytes pékinoises : le raisin a exactement le goût du « putao », si si jvoue jure, une vrai petite madeleine qui me ramène à la chaleur moite et étouffante des temples de Beijing.
- A la pépiniériste en herbe dans son vignoble Chilien : aurais tu l’obligeance de m’indiquer comment ramener un plant de « vigne putao » chez moi ? (ta mission inclut quelle partie prélever et comment la conserver et prendre l’avion avec)
- A mes kinés préférées : mais pourquoi vous êtes pas là quand on a besoin de vous ! Vous recommandez quoi pour apaiser mes reins de mamie à part anesthésier le tout dans du vin (qui est le remède local) ?
- A Louise, ma compagnonne de blondeur et de candeur : ce travail de paysanne a totalement ruiné mes ongles, heureusement j’ai pensé à prendre le nécessaire avec moi : ce soir je rattrape ma French à la chandelle !


La petite maison dans Bogdanesti



La maison de Dona Stamatin, la charmante petite grand-mère chez qui je loge, est construite sur le même modèle que les autres maisons du village. Un bâtiment principal carré, avec 3 chambres,et complètement entouré d’une étroite « verenda fermée » .






On y trouve d’ailleurs la salle de bain :


On s’y habitue, mais comme il commence à faire froid, faut être courageux, ou rester crasseux, au choix.


Un peu plus loin un autre bâtiment qui sert pour faire la cuisine, et qui est accolé au poulailler, ce qui m’amène d’ailleurs à parler de ce coq qui a une dent contre moi (pardon, elle était facile), et qui m’attaque les mollets chaque fois que j’essaye d’atteindre les toilettes. Je crois qu’il a deviné que mon appétit féroce est à l’origine de la récente diminution du nombre de ses poulettes…certains serraient contrariés pour moins.


mardi 16 septembre 2008

mes petits voisins



Ils étaient un peu impressionnés au début, mais je crois qu ils ont fini par m’adopter, notamment grâce à mon tallent inné, à imiter cochons, poules et vaches (mais ce qui est mimé en Roumanie, reste en Roumanie, que les choses soient claires).

Ils se sont fait un devoir de me faire visiter tout le village, en me racontant tout un tas de chose en Roumain, pas du tout dérangé par le fait que je saisissais un mot sur dix.
Parfois ils s’arrêtaient un peu de parler pour reprendre leur souffle et me jetaient un regard interrogateur, il me suffisaient alors de lancer un « da, da ! » très convaincu, et tout contents ils s’y remettaient de plus belle !


arrivee a Bogdanesti




A la gare de Birlad, je reçoit un accueil formidable, une dizaine d’enfants sont là pour me recevoir, des garçons timides dans leurs beaux costumes et des petites filles tout en sourires et robes blanches. Tout le monde s’entasse ensuite dans des voitures, direction le village de Bogdanesti où je vais vivre ces prochaines semaines.

Je suis logée dans la maison de Dona Stamatin, dont le mari était un professeur important dans le village, qui a notamment écrit un livre sur l’histoire de la région et dont l’école du village porte le nom.

Aujourd’hui, j’ai eu la chance d’assister au premier jour d école à Bogdanesti. Tous les enfant sont sur leur 31, il y a une petite cérémonie d’ouverture ou tout le monde chante l’hymne Roumain et le prêtre bénit les classes.




C’est aussi l’occasion de me présenter à tout le village et de rencontrer les professeur d’Anglais et de Français qui se proposent très gentiment de me servir d’interprète quand j’en ai besoin.
Je n’ai cependant pas trop de problèmes pour communiquer avec les gens, certains adultes, dont le maire, parlent plutôt bien français.
Quelques enfants se débrouillent aussi plus ou moins en Anglais , et Laura (ci dessus) qui m’accompagne dans mes visites, me sert d’interprète en Espagnol, une langue qu ‘elle maîtrise bien, et qu’elle a appris en regardant la télévision (dont il faut parfois reconnaître les mérites !) .

Bucarest

Peu de personnes semblent s interesser a la capitale de la Roumanie, cette ville ne manque pourtant pas de charme et a beaucoup a offrir. Ci dessus, Andreea et Michaela, qui m ont fait visiter leur ville.

Il se dégage de Bucarest une impression de grandeur sur le déclin, on peut y voir un grand nombre de maison magnifiques (dont beaucoup construites par des architectes français), mais pendant l’ère soviétique, elles ont été confisquées à leur propriétaires.
Aujourd’hui encore, la réattribution de ces propriétés n’est pas totalement terminée et les 40 années de non entretien se font cruellement sentir, il est aussi difficile de faire partir les roms qui y ont élu domicile. Ces beaux édifices côtoient les pâtés soviétiques, totalement dénués de charme.





Au centre de Bucarest se trouve l’impressionnante maison du peuple, qui rappelle aujourd’hui le prix payé par la Roumanie pour satisfaire la mégalomanie du dictateur Ceausescu. Alors que le peuple mourrait de faim, et que l’économie était en pleine récession, il entreprit en 1984 la construction du plus grand bâtiment au monde (après le Pentagone), pour un coût estimé à 3,3 milliards d’euros.Un sixième de Bucarest fut rasé pour faire place à cet édifice, l’avenue principale qui y mène est 50 cm plus large que les champs Elysée (et ce n’est par hasard).

mercredi 10 septembre 2008

Et bientôt, la Roumanie

A l’Ouest ,la Transylvanie, les terres du comte aux dents longues, ses châteaux médiévaux hauts perchés et mystérieux, et ses sommets enneigés.
Au cœur des Carpates des villages reculés où les traditions rurales sont encore très présentes dans la vie quotidienne.
Mais aussi des forêts profondes peuplées de loups et d’ours.
Le tout accompagné du rythme effréné de la musique Tsigane.
La Roumanie, le mythe…En attendant la suite.

Après l’annulation contrainte et forcée du projet en Géorgie, je pars donc en Roumanie, plus exactement dans la Région de Vaslui, à la frontière avec la Moldavie (et ça je vais forcément essayé d’y faire un saut, qui a déjà été en Moldavie? ).
J’essaye de vous tenir informer le plus possible, mais pas sûr que j’ai un accès fluide et permanent à Internet…